Sowing Weeds
in Lanes and
Ditches

1976

Liz Magor au sujet de l'œuvre Sowing Weeds in Lanes and Ditches

Rayonnage de bois, semences, herbe, enveloppes, boîtes, gants de jardinage, pots d’argile, livres, outils, plateaux et autres matériaux de jardinage
195,5 × 195,5 × 27 cm

Collection de la Banque d’œuvres d’art du Conseil des Arts du Canada, Ottawa
Photos : Richard-Max Tremblay

Sowing Weeds
in Lanes and
Ditches

1976

Cette œuvre formée d’une étagère verte sur laquelle sont rangées de petites enveloppes s’intitule Sowing Weeds in Lanes and Ditches, et elle date de 1976. Avec Bird Nest Kits, c’est l’œuvre la plus ancienne de l’exposition. Je les ai réalisées toutes les deux avant de me considérer comme une artiste, avant même de considérer ce que je faisais comme de l’art, car je n’avais pas de formation. Je ne fréquentais pas une école d’art. Je cherchais à faire des découvertes, à me découvrir moi-même. Et je me cherchais une activité. Je ne tenais pas à faire quelque chose de totalement excentrique ou qui n’entrait dans aucune catégorie. Je ne voulais pas faire mon originale, mais je ne voyais pas quel métier ou activité pourrait me plaire. Je croyais que l’art se résumait à la peinture. Tout le monde peignait quand j’étais jeune. Je savais clairement que ce n’était pas ce que je voulais faire. J’ai longtemps contemplé l’idée d’écrire, car je lis beaucoup, j’aime les beaux textes et j’ai une bonne plume. Mais ce n’était pas assez complet. C’est tellement intellectuel. L’écriture, ça se passe dans la tête. Et je suis plutôt physique. J’aime la matière. Je suis tactile. Ces deux œuvres, Sowing Weeds et Bird Nest Kits, sont en quelque sorte des sculptures littéraires ou romanesques. Celle-ci, surtout, car elle est le fruit d’une construction imaginaire autour d’un personnage qui a un métier inusité. C’est peut-être le personnage qui met de l’ordre dans ce qui nous semble désorganisé; comme les mauvaises herbes qui poussent n’importe où. Mais si on imagine que la nature n’est pas laissée à elle-même et qu’il y a quelqu’un qui y met de l’ordre, ce sont ces outils qu’il utiliserait. Ces outils et ce lieu seraient consacrés à cette activité. Les enveloppes sont toutes remplies de graines. Ce ne sont pas de simples accessoires. Ce n’est pas une mise en scène. C’est réel. Je m’intéressais déjà à la distinction entre le vrai et le faux à l’époque.

J’ai récolté les graines durant toute une saison sur la côte de la Colombie-Britannique; c’était une activité assez exigeante. Je voulais un inventaire vraiment complet. Je récoltais les graines et je les identifiais, non pas de manière scientifique, mais sous leur nom familier. Donc c’est plutôt une collection d’amateur, mais les amateurs sont souvent plus investis dans leurs projets que les professionnels parce que les amateurs le font par choix. Ils le font uniquement pour eux-mêmes. L’amateur a cette qualité d’attention particulière que le professionnel n’a pas nécessairement dans la pratique de son métier, parce qu’il travaille pour les autres. Et l’amateur peut se consacrer à une activité toute sa vie, sans que cela ne devienne une profession. Il ne loue pas ses services ni n’endosse les projets des autres. D’une certaine manière, les artistes sont d’éternels amateurs, dans l’idéal.