Provincial
Sideboard

1993

Liz Magor au sujet de l'œuvre Provincial Sideboard

Buffet en bois, métal et plâtre avec coquilles d’oeufs et bitume, épreuve à la gélatine argentique retouchée et encadrée, castor de fourrure synthétique
169 × 182,8 × 75,5 cm

Collection du Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Acheté en 1993

Provincial
Sideboard

1993

Cette œuvre s’intitule Provincial Sideboard. Elle remonte à 1993, alors… Il faudrait que je fasse le calcul, mais ça fait longtemps. Je cherchais une nouvelle manière d’aborder l’art à l’époque… Je pense que je suis plus détendue depuis les vingt dernières années… mais en 1993, je faisais encore beaucoup d’efforts pour créer du sens. Je forçais un peu la note. Donc, je trouve que cette œuvre se distingue de pièces comme Being This ou Good Shepherd. On y retrouve des éléments semblables : une sculpture, une photographie, un animal; ces éléments sont combinés, mis en relation, mais… c’est différent. Provincial Sideboard comporte une réplique d’un important meuble ancien. Il est important non pas parce qu’il s’agit d’une belle pièce, mais parce que, pendant une très courte période, on a fabriqué au Canada des meubles de cette qualité, avant qu’on se mette à les importer de Grande-Bretagne ou des États-Unis. C’est une courte période où le Canada était le Canada. Quand je dis courte, je pense à une vingtaine d’années. Donc, j’en ai fait une réplique et j’ai ajouté une gravure d’un artiste qui s’appelle William Bartlett, que j’ai modifiée. Bartlett créait des illustrations représentant le Canada et les États-Unis, et les colonies du Nouveau Monde. Ses images étaient diffusées en Europe dans le but d’inciter les gens à venir s’installer ici.

Ce genre d’histoire m’intéresse beaucoup. Je pense à ces gens, tant francophones qu’anglophones, qui sont venus s’installer et qui se sont retrouvés dans des conditions… difficiles et pénibles. Et même s’ils connaissaient les travaux de la ferme et comment défricher la terre, ça n’avait rien à voir avec ce qu’ils devaient affronter ici. Je me suis toujours demandé comment c’était. Dans la gravure originale, les colons (je crois que c’est au Québec d’ailleurs) se trouvent près d’un feu. Et il y avait de la fumée qui s’élevait du feu. Mais j’ai fait modifier l’image et fait sortir la fumée de leur cabane. Donc, plutôt qu’une cabane en construction, on se retrouve avec une cabane en train d’être détruite. Parce qu’en 1993, en 1991, il y a eu de grands changements dans le rapport entre les francophones, les anglophones et les Premières Nations, qui ont marqué l’histoire. Et c’est toujours d’actualité. Donc, ce passé colonial se transforme et espérons qu’il tire à sa fin. Espérons qu’il est derrière nous : emporté par le feu.