Liz Magor au sujet de l'œuvre Pearl Pet
Gypse polymérisé, polyéthylène
27 × 29 × 26 cm
Avec l’aimable permission de la Shlesinger-Walbohm Family Collection, Toronto
Cette œuvre s’intitule Pearl Pet. C’est une des pièces dans lesquelles j’ai intégré un toutou ou un jouet en forme de chien. Je ne suis pas très sélective quand je choisis ces objets. Ce que j’essaie de faire avec ces petits chiens qui ne sont pas très nobles, même s’ils sont parfois très mignons, c’est de les transformer en quelque chose de plus respectable… comment dire ? Je cherche à leur donner une certaine dignité. Et la raison pour laquelle je fais ça, c’est que je veux honorer notre besoin de plénitude ou d’expression affective. Ce besoin est souvent dénigré ou banalisé par les objets qui nous entourent. Je cherche donc à témoigner du respect pour ce besoin d’exprimer ses émotions. Dans le cas de Pearl Pet, je crois que le toutou vient d’IKEA. Il me semble qu’il portait une étiquette. Elle n’y est plus depuis longtemps. Mais la première chose que j’ai remarquée, c’est son super long museau. Je ne sais pas si c’était pour lui donner un air ridicule ou le rendre plus mignon, mais ça attire l’attention et ça lui donne un côté caricatural. Ses jambes étaient très raides. Il n’était pas plié comme maintenant. Je pratique toutes sortes de manipulations sur les petits animaux sur les boîtes. Je les modifie considérablement pour leur donner du poids. Par exemple, il m’arrive de les ouvrir et de retirer la bourrure pour la remplacer par du sable, une matière plus lourde, ce qui leur donne un air plus sérieux, moins stupide. Donc j’effectue des manipulations de la sorte pour traduire cet état qui consiste à ne pas craindre le contenu affectif des objets. Je ne veux pas nécessairement dire que les objets ont un contenu affectif; ce sont des écrans sur lesquels je projette mes émotions. C’est la position que j’adopte dans la plupart de ces œuvres.