Liz Magor au sujet de l'emploi de la cigarette comme matériau
Gypse polymérisé, cigarettes, cigares, briquets, allumettes
Édition 3/6
28 × 15 × 10 cm
Collection particulière, Calgary
Photos : Richard-Max Tremblay
Bon nombre des œuvres présentées sur le présentoir comportent des cigarettes. Je pense que la perception qu’en ont les gens dépend de leur propre relation à la cigarette. Personnellement, je n’ai pas de problème avec le tabagisme. Je n’ai jamais fumé. Je ne suis ni pour ni contre. La présence de cigarettes dans un grand nombre de mes œuvres ne constitue pas vraiment un jugement de valeur. C’est plutôt une observation sur le pouvoir de la cigarette. En fait, je m’intéresse à des matières encore plus puissantes que certaines de nos relations humaines.
On entretient parfois des relations difficiles avec des objets matériels, de la même manière qu’avec des êtres humains. C’est le cas avec la cigarette, l’alcool, les bonbons… La mort aussi. J’extrapole quand je dis que la mort est une chose matérielle. Mais, à l’état de mort, le corps est matériel. C’est une chose très puissante.
C’est quand même un défi de taille, reconnaître et gérer mes sentiments face à une chose morte. Et je ne parle même pas de cadavres humains. Je fais affaire avec des choses vraiment plus faciles à gérer, comme de petits animaux morts. Je dis que c’est plus gérable, mais c’est quand même difficile de composer avec ses sentiments devant ce petit animal mort.
Les images ou les objets qui ont un lien avec la mort, le sommeil ou la dépendance dans mes œuvres ne visent pas à exprimer une position ou un jugement moral. Ils permettent plutôt de montrer à quel point la matière peut prendre une place importante, et c’est à ça que je dois faire face en tant qu’être humain. Passer du banal à l’exceptionnel.