En 1989, j’ai retrouvé des photographies noir et blanc que j’avais prises vingt ans plus tôt, à la fin des années 1960. Il s’agissait de simples images de mes amis, captées à une époque où nous explorions la vie dans la nature : camper, pêcher, faire du canot, cuisiner en plein air, etc. Je m’étonnais devant la naïveté et le romantisme qui nous étaient invisibles durant notre jeunesse, mais si évidents vingt ans plus tard. J’ai donc imprimé ces images avec des titres de photogravures du début du siècle d’Edward Curtis. C’était, lui aussi, un romantique, et il utilisait des photographies d’Autochtones pour propager ses idées anhistoriques. Quoi qu’il en soit, ce que je voyais comme une mise en lumière d’une absurdité récurrente et persistante a été perçu par d’autres comme un cas d’appropriation culturelle, alors j’ai été plaquée au tapis et méchamment corrigée. Ce que j’ai d’ailleurs pris au sérieux. J’ai été très échaudée par cette expérience ; j’ai passé une bonne partie des années 1990 à faire le point sur la situation et a examiner mes options. J’ai tenté de contextualiser Field Work en créant des œuvres photographiques fondées sur la reconstitution historique.
10 épreuves à la gélatine argentique sur papier
55,9 × 71,1 cm ou 71,1 × 55,9 cm
Collection du Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Acheté en 1993